Accro au smartphone

J’ai un smartphone depuis 2016 et en plus d’être devenue accro, je participe à une pollution bien moche En effet, du fait de sa composition, de sa consommation, de sa fin de vie et de son renouvellement, le smartphone n’est pas écolo. Alors j’ai compilé quelques bonnes résolutions à prendre avec son smartphone !

Les nombreux problèmes du smartphone

Impact de la composition d’un smartphone

Il y a bien du monde caché dans la petite boite du smartphone ! Un smartphone est composé de :

  • plastique (fantastique !)
  • minerais (cuivre, métaux ferreux, aluminium, cadmium, étain, nickel, mercure, plomb, zinc, cobalt, lithium, tantale)
  • métaux précieux (argent, or)
  • éléments chimiques (carbone, antimoine)
  • terres rares (le scandium, l’yttrium, et 15 lanthanides)

« Fun Fact »

Saviez-vous que la plus grande mine de fer du monde (2 km de profondeur) se trouve à Kiruna en Suède ? Je suis passée en train par cette ville qui est sur le point d’être rasée de la carte et déplacée à plusieurs kilomètres de là (le train aussi du coup). Et ce pour pouvoir continuer à creuser. Fascinant…

Focus sur les terres rares

Leur extraction et leur raffinage rejettent des éléments toxiques dans l’environnement (métaux lourds, acide sulfurique, uranium…) ce qui pollue la terre, l’eau et l’air (bon appétit !). La Chine assure la majorité de la production mondiale, notamment parce que les travailleur·euse·s y sont peu payé·e·s, mais aussi parce que les normes environnementales y sont plus flexibles que dans d’autres pays. Malheureusement, la technologie dite « verte » (l’éolien par exemple) est très gourmande en terres rares. Et l’on creuse même les fonds marins pour en trouver. Vive l’environnement (et les droits humains…).

 

Impact de l’utilisation d’un smartphone

Sur un smartphone il y a Internet, mais aussi un tas d’applications énergivores, un moteur de recherche, un cloud, etc. Bien qu’elles soient virtuelles pour nous, nos données sont stockées réellement dans des DATA center qui nécessitent une alimentation en énergie électrique. Cette énergie peut provenir de source fossile comme le charbon (des gros trous dans la terre !), le nucléaire (des déchets cachés au fond de la mer !), les gaz de schiste (le nom fait rêver). Et même si l’énergie provient de l’éolien, il faut quand même faire appel aux terres rares pour la concevoir… on ne s’en sort pas, non ?

Impact de la fin de vie du smartphone

Combien parmi nous ont dans leurs tiroirs de vieux téléphones qui ne fonctionnent plus ? Aller on arrête de chipoter : si ça marche plus on le donne, c’est tout ! Mais pourquoi est-ce si dur de donner ? Il y a deux raisons principales qui freinent les dons. D’abord un manque de connaissances de l’offre et aussi, un biais psychologique, celuis des « coûts irrécupérables ». Ce blocage psychologique, c’est notre incapacité à faire abstraction de la somme qu’un objet a coûtée. Ainsi, lorsque l’on conserve notre téléphone, même au fond d’un tiroir, on a la fausse bonne impression de le rentabiliser. On a l’impression de ne pas avoir « perdu » notre argent, alors qu’en vérité, l’argent est déjà dépensé depuis longtemps : ce n’est plus une valeur active. En revanche, en donnant son smartphone on recrée de la valeur pour un nouveau secteur économique. Et ça, c’est top !

En moyenne en France, une personne change de smartphone tout les 2 ans. La faute à l’obsolescence, qui prend plusieurs formes :

  • L’obsolescence technologique : c’est l’ensemble des pratiques délibérées du fabricant pour pousser au renouvellement de l’achat : comme le jour où Apple a incité ses utilisateur·trice·s à télécharger une mise à jour logicielle qui bridait volontairement les performances du téléphone. Techniquement, on connait la technique des batteries ou des vis collées qui rendent impossible (ou difficile) la réparation. Selon la loi française, ce sont des pratiques illégales. L’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) informe et mobilise sur ces questions.
  • L’obsolescence émotionnelle : c’est lorsque, même s’il fonctionne parfaitement, on se trouve lassé de son téléphone. C’est une chose que l’on retrouve souvent avec les vêtements. Un peu moins avec les objets que l’on considère être purement fonctionnel (bouilloire, congélateur). Le smartphone est à la fois fonctionnel (c’est mon partenaire indispensable lorsque je voyage en itinérance), mais il est aussi le reflet de nous-mêmes. Et comme on aime bien se percevoir à la mode : le calcul est vite fait. Le renouveau apporte instantanément du plaisir (PS Ça pourrait presque s’appliquer aux humains, non ?).

Sobriété et résilience électronique

Pour s’engager dans une démarche écologique et durable, nous nous devons appliquer les 5 R de la démarche zéro déchet à la vie numérique et électronique.

REFUSER LE SMARTPHONE

Certain·e·s résistent encore !

RÉDUIRE L’OBSOLESCENCE

Si l’on ne peut pas se passer d’un smartphone, alors on peut au moins apprendre à optimiser son utilisation afin d’allonger la durée de vie de notre appareil. Les parties fragiles sont l’écran et la batterie (elles n’aiment pas les surchauffes). Voici quelques conseils d’utilisation pour faire durer son smartphone plus longtemps :

  • Protéger l’écran d’un film en verre trempé
  • Désactiver le vibreur
  • Mettre son téléphone en mode avion
    • La nuit pour éviter les ondes dans la tête
    • Dans les zones à faible signal (en montagne, à la campagne, avion, train, métro) pour éviter les ondes dans la tête ! Vous pourrez réactiver le mode normal quand vous aurez besoin de passer un coup de fil ou d’utiliser un wifi
  • Charger la batterie
    • Maintenir la charge entre 20 % et 80 % (en deçà et au-delà cela endommage sa durée de vie) : donc il faut éviter de recharger la nuit !
    • Enlever la coque de protection du téléphone lors de la charge (pour éviter toute surchauffe)
    • Ne pas utiliser le téléphone lorsqu’il est en charge (risque de surchauffe)
  • Fermer toutes les applications inutiles
  • Désactiver les notifications
  • Désactiver le wifi, la 4G, le Bluetooth et le GPS quand on ne l’utilise pas
  • Baisser la luminosité de l’écran
  • quand c’est possible, préférez les SMS aux messageries instantanées car l’empreinte carbone des SMS est moins importante.

RÉPARER SON SMARTPHONE

Pour cela, on passe par une plateforme comme SOSAV afin de commander des pièces détachées. On peut aussi aller chez le réparateur du coin, en s’assurant de sa bonne foi (le bouche-à-oreille se révélera utile).

RÉUTILISER LES ÉQUIPEMENTS

Personnellement je suis partisane des achats d’occasion. Réutiliser, c’est consommer de ce qui a déjà été fabriqué et utilisé une fois par quelqu’un d’autre. J’aime ce concept, car cela allonge le cycle de vie des produits. Ça m’amène beaucoup de satisfaction et bonne conscience. Et devinez quoi ? Les smartphones de seconde main ça existe ! Des entreprises françaises comme AfBshop collecte l’équipement informatique des entreprises et les revends à petits prix. Le reconditionné c’est anti-gaspi et toujours vendu sous garanti !

L’occasion est une alternative écologique au rachat neuf. C’est aussi un bel exemple d’économie circulaire qui aide les consommateur·trice·s à réduire leur empreinte écologique. En effet, on estime que c’est une économie comprise entre 30 et 40 kg de matières premières qui seraient nécessaires à la fabrication d’un téléphone neuf. Dans le monde, le marché du téléphone reconditionné est un secteur économique lucratif puisqu’en 2017 le secteur valait 21 milliards d’euros et 7 % des mobiles vendus dans le monde ! Pensons aussi qu’il s’agit d’emplois créés et d’une baisse de la demande pour faire des trous dans la terre pour capter des métaux (et exploiter des gens).

RECYCLER SON TÉLÉPHONE

Lorsque notre téléphone est complètement hors d’usage (ou qu’il n’est plus utile), il rentre dans la catégorie de ce que l’on appelle un D3E : déchet d’équipements électriques et électroniques. Orienté dans la bonne filière, il pourra alors être recyclé. Pour cela, la solution la plus rapide est de le rapporter au magasin où on l’a acheté. On peut également se tourner vers des systèmes de recyclage solidaire avec Envie (réinsertion sociale), Emmaüs (via les ateliers du bocage), l’association Pour la vie (recherche scientifique contre la myopathie de Duchenne) ou la fondation Monextel (don à des associations caritatives).

Et si je veux du neuf ?

Et bien dans ce cas, il n’y a qu’un produit, pour le moment, qui se positionne comme smartphone éthique. Il existe des débats sur cette position de leader éthique, mais ce n’est pas le sujet du jour. Pour se procurer le Fairphone, on peut également le louer avec la coopérative Commown et ainsi participer à l’économie de la fonctionnalité.

Même le zéro déchet crée du déchet

Et oui. Même le combo achat de seconde main + veiller à allonger la durée de vie de son smartphone ne fait que fait que décaler le problème du déchet dans le temps. C’est pourquoi il est important de réduire sa consommation de neuf et de continuer à investir massivement dans la recherche afin de développer les techniques de dépollution et de valorisation des composants en matières premières secondaires.


L’ensemble de mes recherches ont été effectuées via le moteur de recherche Lilo. En collectant et en distribuant mes gouttes d’eau, j’ai participé au financement de l’association Wings of the Ocean. Avec son voilier le Kraken, elle travaille à la dépollution des océans de son plastique tout en offrant une plateforme de recherche pour les océanologues.

Image de couverture : Florian Belmonte

10 réflexions sur « Accro au smartphone »

  1. Le Mari De La Maîtresse 1 janvier 2019 — 15 h 39 min

    Excellent comme d’habitude.

    >Maintenir la charge entre 20% et 80% (en deçà et au delà cela endommage sa durée de vie)
    Mmmm… vieille légende urbaine qui date des batteries NiCad de notre enfance…

    Je plussoie tout le reste. Notez que votre adhésion à Facebook et Twitter génère par sa simple existence un trafic internet, donc de l’énergie et de l’archivage sur des disques durs pleins de p’tites molécules rares. Dans la vie numérique saine, on n’adhère pas aux réseaux asociaux. 😉

    J’aime

    1. Merci 😉 Mais est ce que la légende urbaine ce n’était pas plutôt de dire qu’il fallait que les batterie se décharge complètement avant d’être rechargé ? J’ai grandi avec cette idée jusqu’à ce que plusieurs sources me confirment que les batteries avaient évolué : conférences lors du festival Zero Waste de juin 2018 notamment, mais aussi : http://www.slate.fr/story/13027/quatre-trucs-essentiels-pour-ameliorer-la-duree-de-vos-batteries-dordinateur-telephone-c
      Quand aux réseaux sociaux… J’aurais bien du mal à éduquer les gens sans jouer avec les mêmes outils qu’eux 😉 Mais tu as bien raison, ça ne me laisse pas toujours la conscience tranquille. A mon échelle je fais ce que je peux pour limiter la casse : email perso chez lilo.org, utilisation de lilo.org comme moteur de recherche et électricité chez Enercoop. Je cherche aussi à relocaliser l’hébergement de mon site, mais là il me faut un.e pro parce que je n’y connaît pas grand chose !

      Aimé par 1 personne

      1. Le Mari De La Maîtresse 2 janvier 2019 — 18 h 25 min

        Mmmm… pour la batterie, les choses ont beaucoup évolué. Les batteries au lithium et principalement LiPo sont tellement complexes à piloter que des circuits complets (et complexes, du coup) y sont intégrés, mesurant courant, tension et température en permanence, gardant l’accu dans se zone de confort. D’ailleurs quelques andouilles et complotistes ont trouvé ces circuits dans des batteries de téléphones et les ont pris pour des micros espions. Lol, quoi.
        Quant à débrancher la batterie d’un ordi portable en fonctionnement, c’est bien idiot quand même parce que toute défaillance du secteur sera du coup probablement fatale au disque dur. Et un portable sans batterie, c’est plus un portable du coup… En plus, rien, absolument rien ne garantit qu’elle ne va pas quand même lâcher dès le lendemain. J’utilise assez d’ordis portable pour constater que le régulateur de charge fait ça très bien, si échauffement il y a, il ne vient pas de la batterie qui est à l’arrière.
        Je travaille dans le cadre de mon taf sur le « green IT », l’informatique verte (vertueuse). 90% de mes collègues n’en ont rien à faire et ne voient même pas le problème. On n’est pas arrivés, j’vous l’dis.

        Passez une bonne fin de semaine, continuez, cette réflexion est toujours utile.

        J’aime

      2. Le Mari De La Maîtresse 2 janvier 2019 — 18 h 26 min

        > J’aurais bien du mal à éduquer les gens sans jouer avec les mêmes outils qu’eux 😉
        Je sais pas. Vraiment, l’info est mon métier et je n’ai ni FB ni Tweeter et je m’en porte à merveille.

        J’aime

      3. Et donc quels seraient tes recommandations pour allonger la durée de vie des batteries ? (bien sur au bout d’un moment elle mourront mais le plus tard le mieux !)

        Aimé par 1 personne

      4. Le Mari De La Maîtresse 6 janvier 2019 — 17 h 51 min

        Éviter la décharge profonde, se servir de l’ordi sur la batterie de temps en temps jusque vers 10-20% de capacité de celle-ci, éviter la chaleur d’une voiture en plein été, s’en servir normalement, sinon.

        Nous avons deux PC portables identiques à la maison, deux HP qui ont 4 ans. L’un est branché 24/24, la batterie a flanché d’un seul coup il y a un an, même pas 10s d’autonomie. L’autre, celui de mon épouse, fonctionne à merveille, jusqu’à plus d’une heure. La différence ? Des fois elle oublie de brancher l’adaptateur chargeur et utilise la batterie pour ce qu’elle est : une réserve d’énergie. Le reste du temps, sa machine est branchée 24/24 ou presque.

        Mais un exemple ne saurait être une règle générale.

        J’aime

  2. Facile, tu roules pour ton business 😉

    J’aime

    1. Tu veux dire que je fais la promotion du zéro déchet ?! Tout à fait 😉 Sinon, je travaille à mon compte même si, comme dans ce cas là, je décide de mettre en avant une marque qui m’a sponsorisé pour mon voyage zéro déchet dans les pays du Nord et pays Baltes.

      Aimé par 1 personne

  3. Le smartphone n’est pas le seul problème. Bien sûr, tu peux t’en passer si tu as un ordi mais les ordinateurs sont assujettis à exactement les mêmes soucis (comme l’accès à ton blog, stocké sur un serveur, ou son utilisation d’énergie, l’accès à Internet etc 🤫).
    Un chercheur en géologie, ici sur Turku, nous disait que d’ici 2030, on arriverait à épuisement des terres rares indispensables pour la fabrication de tout écran. D’ici les deux prochaines décennies, on devra se passer de nos écrans ou trouver un moyen de recycler. Je ne sais pas si ces matériaux sont transformés et donc difficilement réutilisables mais espérons que non.

    J’aime

    1. Oui le recyclage des terres-rares et compliqué. J’ai essayé de visiter une usine de recyclage électronique en Suède, mais je n’ai pas réussi à les convaincre suffisamment visiblement !

      J’aime

Laisser un commentaire

Emplacement Orléans | Paris | Euskal Herria E-mail lesmouvementszero@gmail.com Heures Tous droits réservés © 2019 Les Mouvements Zéro (micro-entreprise 824 453 385 000 18 dirigée par Justine Davasse)