En 2015 je suis (enfin) devenue perméable aux alertes sur le plastique. Pour une raison inconnue il ne me posait, jusque là, aucun problème. J’en étais même plutôt fan ! Mais plus je me renseignais sur cette matière, plus je la trouvais moins cool, moins fantastique, mais bien de plus en plus inquiétante.
Les 7 types de plastique
Le plastique ce n’est pas que LE plastique. C’est une super matière booster aux produits chimiques en tout genres pour améliorer sa résistance, sa souplesse ou encore le colorer en rose parce que c’est joli. Le terme « plastique » est souvent associé à des termes comme « perturbateur endocrinien » ou « lobby industriel ». C’est inquiétant et ça n’a rien donc rien avoir avec la chanson super groovy des années 70 (mais protégez-vous, einh !).
Il y a donc sept types de plastique. Le petit triangle imprimé sur l’emballage indique sa composition.
- PET polyethylène téréphtalate (contient du BPA) : bouteilles d’eau et de boissons gazeuses. Il en existe deux type, le clair et le coloré.
- PEHD polyéthylène haute densité : bouteilles, flacons, bidon (shampooing, gel douche, produits d’entretien), des poubelles (Inception du déchet!).
- PVC polychlorure de vinyle (contient du BPA) : film étirable, tube qui conduit l’eau potable, ustensile médicale, bouteilles d’eau plate, d’huile, de vin, de vinaigre, ruban adhésif ou fibres textiles.
- PEBD polyéthylène basse densité : film étirable pour la palettisation, poches plastique.
- PP polypropylène : films d’emballage de paquets de cigarettes, de fleurs, produits alimentaires secs, bouchons de bouteille (l’association Bouchons d’Amour les recycle), pièces automobiles.
- PS polystyrène : emballage de viande/poisson, de produits laitier (yaourts, crème fraîche), gobelets pour distributeur automatique. Le PES est le polystyrène que l’on reçoit avec les achats de produits électroménager (et qui s’émiette).
- PC polycarbonate (contient du BPA) : bonbonnes d’eau, bouteille de jus, biberon, gourde, intérieur des conserves mais aussi le PTFE polytétrafluoréthylène : polymères fluorés des revêtements anti-adhésifs (poêles Tefal).

Donnez-moi à manger des produits nocifs
Du fait de ses adjuvants chimiques, le plastique n’est donc pas une matière stable. Et tout ce joyeux petit monde migre allégrement dans ce qui entre en contact avec elle : la peau, la nourriture, les corps gras…
Et ça n’est pas sans conséquence. Mais qui peut résister aux beaux phtalates qui rendent mon plastique si mou et malléable et aux bisphénol A qui le rend si résistant et transparent ? Alors au diable les malformations génétiques chez les petits garçons et le développement mammaire précoce chez les petites filles ! Au diable les cancers du sein, de la prostate, les troubles du comportement, l’infertilité, le diabète et l’obésité. Soutenons la croissance ! On veut du plastique ! Maintenant et pour toujours !

Absurde, non ?
Le problème avec les perturbateurs endocriniens c’est qu’ils trompent notre thyroïde : elle fait la confusion car leurs structure chimique est proche des hormones thyroïdiennes. De cette confusion résulte une modification de l’anatomie du cerveau (changement structurel) et de son développement. Les enfants exposé·e·s dans le ventre de leur mère et au cours de leur développement s’exposent à des problèmes de coordination, des réflexes anormaux, un retard cérébral (baisse de QI), une baisse de l’attention, de la concentration, des capacités d’apprentissage, une augmentation des symptômes du spectre autistique.
Mais pour notre plus grand bonheur, le plastique n’est pas le seul vecteur de perturbateurs endocriniens, que l’on trouvent aussi dans : le PCB (le chlore), les retardateurs de flammes (vêtements, canapé, rideaux), les pesticides (puisqu’ils tuent les organismes vivant ils attaquent donc le cerveau), les cosmétiques, les sprays pour la maison, l’alimentation….
Le recyclage du plastique
Mais le R-E-C-Y-C-L-A-G-E, c’est sûr, ça va nous sauver ! La France a prévu dans sa loi TEPCV 100% de recyclage du plastique d’ici 2025. Et comme notre président est champion de la Terre, c’est que ça doit être vrai.

Problèmes :
- La production de plastique neuf est massive : chaque seconde on en produit 10 tonnes dans le monde et dans le même temps, 300 kilo finit sa vie dans les océans.
- À l’heure où j’écris ses lignes, environs 80% des plastiques ne sont pas recyclés la France.
- Pour assurer un bon recyclage, il faut assurer une bonne collecte. Hors, il n’y a pas de système de dépôt en France comme on peut en connaître en Finlande, Norvège, Suède ou Allemagne.
- Veut-on vraiment continuer à manger et boire des aliments emballés dans du plastique ? Le projet bottle-to-bottle permet, comme ici localement en France, en Allemagne ou en Finlande, de recycler 100% du PET en boucle fermée afin recréer de l’emballage alimentaire. C’est intéressant en terme d’économie circulaire pour faire en sorte que les plastiques ne finissent pas dans la mer, mais son principe repose sur ce que nous connaissons déjà : l’usage unique. De plus, le mélange des plastiques en vue de leur recyclage afin de recréer des produits en contact alimentaire, pose des questions en termes de sûreté alimentaire.
Il n’y a pas moyen de se sortir de ce que nous avons créée. Car même la « valorisation énergétique » consiste à brûler les déchets dans un incinérateur. Respirez bien, ça finit quand même dans nos poumons (sentez-vous venir l’inquiétude ?).

La fin du monde
Je suis sidérée de constater qu’une entreprise a le droit de mettre sur le marché un produit avec quasiment aucune restriction en termes de protection de l’environnement. Du PET opaque non-recyclable, des matériaux mixe non-recyclable (aluminium/plastique par exemple), des contenants biodégradable seulement en composteur industriel, mais pas dans la mer… Pour reprendre les éléments de langage d’Aurélien Barrau, « c’est un crime contre la vie ».
Alors bien-sûr, on peut très bien se dire « Je fais ma part, je n’achète pas ces produits ». En attendant, ils sont bien là, ça change rien à l’histoire. On ne peut pas baser notre espoir de sauver le monde d’une catastrophe écologique sur la maigre utopie qui suppose de croire que TOUT le monde va se réveiller et commencer à faire mieux. En tout cas, à chaque fois que j’ai le malheur de visiter un supermarché, je perds tout espoir en l’humanité.

À l’instar d’Aurélien Barrau, je crois qu’il faut éditer des lois anti-climaticides car c’est la seule manière de lutter à grande échelle pour la protection de la nature et contre ce qui la détruit : le capitalisme, la sur-consommation, le rêve de la croissance sans fin. Dans l’espoir de sauver le monde, nous devons toutes et tous nous mobiliser et le pouvoir politique n’est pas exempt de responsabilité. Au même titre que l’on a pas le droit de tuer, de violer, de commettre des actes incestueux, alors on ne devrait pas avoir le droit de tuer ce qui nous permet de respirer, boire et manger, à savoir, la nature. Avec une telle loi, une telle volonté et un tel courage politique, on pourrait (enfin) dire au revoir aux pesticides, insecticides, herbicides, au pétrole, à l’obsolescence programmée et aux t-shirt à 2€… Serait-ce si horrible comme monde ?
Ce n’est pas parce que l’effondrement de notre monde a commencé qu’il ne faut rien faire. Et ce n’est surtout pas parce que la situation est horrible qu’il faut continuer à l’aggraver. Alors bougeons-nous (bon-sang).

Conseils de Justine
Maintenant que votre taux d’éco-anxiété est maximale, je vous propose quelques de solutions « zéro plastique ». Respirez, tout va bien se passer.
Arrêter le plastique en contact alimentaire et hygiénique
Ça peut paraître compliqué de faire ces courses au supermarché quand on tente de bannir le plastique. Malgré tout, je conseille les conserves en verre, le frais, le local, le vrac afin de limiter les apports en perturbateurs endocrinien, la migration dans les aliment et la contamination. Et si vous pouvez privilégier les achats auprès des AMAP ou des marchés de producteurs ainsi que le vrac à l’épicerie bio muni de contenants en verre, c’est encore mieux. Par ailleurs les corps gras ne doivent jamais être stocké dans du plastique (porosité).
Arrêter de chauffer le plastique
C’est pas parce qu’on ne voit pas ce qu’il se passe qu’il ne se passe rien (et le wifi alors tu me le montres ?). Et bien quand on chauffe le plastique, même topo, on s’offre un joli cocktail nocif à déguster sans modération.
Arrêter le plastique dans les vêtements
Alors d’accord, peut-être nous faudra-t-il nous mettre nationalement au naturisme parce qu’une grande partie de nos vêtements sont en polyester. Sinon, j’achète de seconde main car c’est une solution durable. La pollution a déjà été faite, je ne donne pas mon argent à des grandes entreprises pourries, et le vêtement est déjà là en attente d’un nouveau corps à habiller. Si vraiment je dois acheter neuf (c’est le cas pour les chaussures ou mon dernier pantalon), je favorise les matières durables, de culture bio et surtout je fais durer mon achat le plus longtemps possible (couture, cordonnier).
Arrêtons de réfléchir en termes de jetable !
Une poche bio-sourcée issus du maïs n’est pas mieux qu’une poche plastique issue de la pétrochimie, pour la simple raison qu’elle est JETABLE. Il s’agit de sortir de cette logique infernale du « produire plus pour jeter plus ». De combien de poches, de cuillères, de gobelets avons-nous besoin dans une vie ? Est-ce trop demander que d’avoir une gourde dans son sac, que de mettre en place sur son lieu de travail des mugs, une station d’auto-lavage sur les festivals, que de remplacer les barquettes plastique dans les cantines par de l’inox ? Alors oui, oulàlà ça demande de s’organiser un peu différemment, mais on demande pas la Lune quand même. D’ailleurs, si on a pu y aller, alors ce « petit » challenge de réduire la production mondiale de plastique et adopter de nouveau comportement, ne devrait pas trop froisser notre intelligence (l’inverse étant vrai).
Références
- Que choisir – dossiers sur les emballages
- L’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique)
- Les recherches du scientifique André Cicolela
- Documentaire ARTE Demain tous crétin
- Cash Investigation sur le plastique
- Aurélien Barrau : l’appel des 200 et son interview sur Thinker View
- MapMind free your life from plastic
L’ensemble de mes recherches ont été effectué via le moteur de recherche Lilo. À ce jour j’ai donné mes gouttes d’eau à Mr Mondialisation qui œuvre pour une meilleure éducation à l’information et à l’association Bioli qui œuvre pour une prise de conscience concernant la protection du littoral français.
2 réflexions sur « Plastique : de fantastique à tragique »